Wwoofing à la Ferme Potiron et Cie

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Il y a quelques mois, une idée assez ambitieuse m’est venue à l’esprit. À l’époque, j’habitais chez moi, dans ma maison d’enfance avec ma mère à New York – je ne travaillais pas et, franchement, je commençais à m’ennuyer. J’avais terminé mon bac en linguistique l’année dernière et je venais de soumettre mes candidatures à trois universités où j’espérais étudier la traduction française. Tout à coup (figurativement), je me suis rendu compte que j’avais envie de pratiquer le français sur place. J’ai décidé que je voulais aller passer plusieurs mois en France et que le wwoofing serait le moyen idéal pour moi de faire ça – vu que l’agriculture biologique et l’alimentation en général m’intéressaient et que je voulais en savoir plus des deux.

Je comptais voyager avec l’un de mes meilleurs amis, qui je ne voyais plus souvent (il avait déménagé à Buffalo neuf mois avant), et j’avais hâte qu’on ait l’occasion de se retrouver tout en explorant un joli pays où nous n’étions jamais allés.

Au final, il s’est avéré que mon ami n’a pas pu venir. J’avoue que j’étais et déçu et considérablement inquiet. J’ai pris conscience que j’avais peur de voyager tout seul dans un pays inconnu où je ne connaissais personne. Pourtant, je ne voulais pas perdre une telle opportunité. Je me suis dit, « bah je peux me débrouiller, je connais suffisamment de français, et je n’ai rien de trop important à faire ici. » Alors j’ai continué à planifier mon trajet, recherchant des hôtes, envoyant de nombreux e-mails à ceux qui m’ont piqué la curiosité, réservant des places sur des avions et des trains et des bus ainsi que des chambres pas chères pour les nuits où je serais en transit. C’était pas mal de travail mais, comme j’ai bientôt découvert, ça valait la peine.

 

Jusqu’à présent, je suis en France depuis douze jours. Actuellement, je séjourne avec mes premiers hôtes qui sont une famille extrêmement gentille – à savoir Monsieur Quentin Londe, sa femme Marie-Andrée et leurs deux enfants Louis et Félix. Quentin est le chef de la Ferme Potiron & Cie qui se trouve à Sainte-Honorine-du-Fay dans les Calvados où il est agriculteur biologique. Cette année, il cultive une variété de courges ainsi que des courgettes, des oignons, et des betteraves rouges.

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Les Londes m’ont accueilli chaleureusement et m’ont tout de suite fait me sentir comme chez moi. Tous les jours, nous mangeons ensemble, nous bavardons – je trouve que nous nous entendons très bien. Je m’amuse bien à regarder la conduite, tantôt coquine, des petits et à jouer avec eux – souvent avec Louis qui est comble d’énergie, de joie, et d’amour – sans parler de Félix, un petit aventurier et mignon qui, en apprenant à marcher où en trouvant une nouvelle cachette, toujours arrive à nous amuser tous. Quentin et Marie-Andrée préparent des repas formidables et m’ont familiarisé avec plein de nouveaux trucs (y compris le lapin, l’andouille, le pommeau, le pot-au-feu, les galettes, le fromage dIMG_7357e brebis, et la pizza française, pour n’en citer que quelques-uns). Nous sommes allés au cinéma ensemble et nous avons fait un tour à vélo ensemble. J’ai eu l’occasion de rencontrer une poignée de leurs amis ainsi que la mère de Quentin et un de ses cousins, qui, il va sans dire, étaient super-sympa. Le premier week-end, les Londes m’ont fait visiter les plages de Normandie ou s’est passé jour-J aussi bien que le cimetière américain là-bas. Nous y avons passé une belle journée et (en dépit du vent) avons fait un pique-nique très agréable On a aussi visité le château de Falaise où j’ai appris beaucoup de choses sur la vie et la règne de Guillaume le conquérant. Fascinant ! C’est vraiment quelque chose de merveilleux de pouvoir visiter les lieux où l’histoire s’est déroulée et je suis vraiment reconnaissant d’avoir pu le faire en compagnie des gens aussi sympathiques.IMG_7462IMG_7442IMG_7617

 

 

Depuis mon arrivée, non seulement je me suis éclaté en faisant tous les trucs susmentionnés – mais en plus je suis parvenu à faire un peu de travail 😛 (aux côtés de Quentin, bien sûr !) La semaine dernière, nous sommes allés chercher des sacs de terreau chez un fournisseur bio, et puis, à l’aide d’une bétonnière, une brouette, et (quel est le nom de la machine dont tu t’es servi ??), les avons transformés en cent caisses de mottes. Le lendemain, en nous servant de plusieurs de ces caisses de mottes, nous avons commencé à faire le semis des courges et nous nous sommes rendus aux champs de Quentin pour faire du désherbage. Le surlendemain, en compagnie d’un ami de Quentin qui lui aussi s’appelle Quentin (rigolo, non !), nous avons toute la journée désherbé les planches d’oignons que Quentin avait semi à-peu-près quinze jours avant. (Paranthèse : Laissez-moi vous dire que le désherbage peut être du travail dur ! Ce n’est pas facile de s’agenouiller et de s’accroupir des heures durant, mais cela offre un sentiment très gratifiant une fois que toutes les planches sont sans mauvaises herbes, et ça peut certainement aider à muscler les jambes 😉 J’ai un vrai respect pour Quentin qui fait ça plusieurs fois par semaine !)

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Jusqu’ici cette semaine, Quentin et moi avons travaillé avec son tracteur la terre des champs pas encore semis. De plus, hier nous sommes allés à Saint-Lô pour une assemblée générale de la coopérative « Inter Bio Normandie Services (IBNS) », un groupe des agriculteurs qui fournissent leurs produits biologiques au service de la restauration collective (c-à-d à des cantines des écoles dans la région normande) dont Quentin est un sociétaire. J’ai appris plein de choses tandis qu’on était là (surtout du vocabulaire du commerce et des comptes) mais c’était aussi une opportunité pour moi de réfléchir à et de tenir compte de l’importance de l’agriculture biologique et de ce que fait cette société.

A mon avis, l’agriculture biologique est, à la base, un mouvement concerné par notre santé et la santé de notre planète. Les agriculteurs bio et les acheteurs bio savent que les produits bio sont plus sains, plus sûrs, et meilleurs en termes de goût. Ils rejettent la pollution de nos terroirs et nos étendues d’eau par des pesticides et des herbicides et ils rejettent l’empoisonnement de nos corps par ces substances potentiellement cancérigènes qui sont employées n’importe comment dans les exploitations de l’agriculture conventionnelle. Personnellement, j’apprécie ma bonne santé et la beauté de la terre, et je veux que le monde reste toujours aussi beau pour mes enfants futurs et pour les générations à venir. En outre, je veux préserver et améliorer ma santé, non la compromettre.

Pour ces raisons et pour d’innombrables autres, je choisis de manger bio et je suis fier de pouvoir aider et apprendre de quelqu’un comme Quentin qui, d’une certaine manière, travaille pour l’amélioration de notre monde, de notre alimentation, et de notre santé. Je pense que les initiatives effectuées par IBNS sont nobles et admirables. Je crois qu’il est essentiel que la familiarité avec l’agriculture bio se répande et qu’il est important que nous mettions les produits bio à la disposition des enfants et des écoliers aussi bien que des adultes. Tout le monde doit avoir le droit de savoir qu’est-ce que c’est qu’ils consomment et les différentes options qui sont disponibles ainsi que les conséquences de leurs choix alimentaires.

 

Merci à Quentin pour sa patience et d’avoir partagé ses connaissances par rapport à l’agriculture bio. Merci à tous les Londes de m’avoir traité avec une telle gentillesse et de m’avoir aidé peu à peu à communiquer plus aisément en français (certes, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir !) Merci à WWOOF France d’avoir rendu cette expérience possible. Vivement le reste de ce trajet !

 

-Samuel Goldfarb